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PARADISE IS LOST, BUT WE FOUND THE HARMONY!

3-5 октября в дружественной, гармоничной атмосфере прошла международная конференция "HARMONIA: идея гармонии в культуре и обществе Средневековья", организованная Лабораторией медиевистических исследований НИУ ВШЭ и Международным обществом изучения латинского Средневековья. Смотрите фоторепортаж и читайте краткий обзор Олега Воскобойникова. Если участникам хочется поделиться собственными впечатлениями на нашем сайте, пишите Олегу Воскобойникову или Марии Александровой.








CENTRE D’ÉTUDES MÉDIÉVALES


ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES ÉCONOMIQUES, MOSCOU (CEM EHESE)

et

Micrologus. Nature, Sciences and Medieval Societies

SOCIETÀ INTERNAZIONALE DI STUDI SUL MEDIO EVO LATINO, FIRENZE (SISMEL)

 

HARMONIA

Idées de l’harmonie dans la culture et la société médiévale

Colloque international

 

 

Moscou, École des hautes études en sciences économiques, 20 rue Myasnitskaya, salle 101

3–5 octobre 2013


PREMIERE JOURNEE

LA TERRE

    Les travaux ont été ouverts le matin 3 octobre par le président de la SISMEL, prof. Agostino Paravicini Bagliani et le directeur du CEM, prof. Mikhaïl Boitsov. Agostino Paravicini Bagliani a parlé de la tradition des colloques MICROLOGUS, groupe informel des historiens de la culture médiévale qui se réunissent tous les ans depuis le début des années 1990. Le sujet du colloque de Moscou s'inscrit dans le contexte transdisciplinaire de ces rencontres et dans sa thématique très vaste, provocatrice en bon sens du terme et transversale dans les questions envisagées. Cette visée transversale, cette fois-ci, a été élargie aussi en sens géographique: nous avons parlé de la Rus' médiévale, de la Scandinavie, du Byzance, des rapports entre les Juifs et le Chrétiens. Mikhaïl Boitsov a expliqué comment le thème abordé est en harmonie avec les buts essentiels des recherches du Centre d'études médiévales.



Agostino Paravicini Bagliani, Mikhaïl Boitsov (à notre gauche), Pavel Uvarov (à notre droite)



Mikhaïl Boitsov


Ces mots d'introduction ont été attentivement écoutés par les participants aussi bien que par les nombreux étudiants de l'Ecole des hautes études en sciences économiques et de l'Université-Lomonossov.



Alexandra Kulpina, Université-Lomonossov




Katrin Bauer, Jean-Patrice Boudet


Sous la présidence du prof. Pavel Uvarov, Agostino Paravicini Bagliani et Mikhaïl Boitsov ont parlé de la présence/absence des notions et des idées de l'harmonie au sein des deux grands pouvoirs de l'Occident médiéval: la Papauté et l'Empire. Ce début s'explique par mon idée de construire notre travail commun selon un axe qui mène de la terre au ciel, et viceversa, des implications politiques, juridiques, sociales de l'harmonie jusqu'à la cosmologie et la théologie, du monde des hommes au monde des anges. Agostino Paravicini (Le pouvoir pontifical a-t-il besoin du concept d’harmonie?) a parlé des registres, des lettres et d'autres textes produits au sein de la papauté, du XIe au XVIe siècle, pour montrer comment, au fur et à mesure qui se construit la hiérarchie papale, le Saint Siège perd d'avantage le besoin de se servir de l'harmonie et des concepts semblables, comme concordia. Mikhaïl Boitsov (Seeking for harmony after chaos: political ceremoinies in the Golden Bull of 1356) a analysé l'un des textes-clés - et en même temps énygmatique dans sa construction apparemment chaotique - pour l'étude de l'idéologie impériale de la fin du Moyen Âge. C'est l'ordo sedendi, à savoir les positions concrètes des dignitaires impériaux lors des rites, qui, pour lui, expliquent mieux les moyens, par lesquels l'élite curiale chercha d'harmoniser le chaos politique du XIVe siècle.






La deuxième session a été orchestrée par Jean-Patrice Boudet, professeur à l'Université d'Orléans. Sous son oeil attentif, Alexandr Marey, maître de conférence à l'EHESE, historien du droit médiéval, a proposé une lecture réunissant l'histoire des idées à l'histoire du droit et des manuscrits, du prologue des Siete partidas, célèbre code juridique promulgué par Alphonse X, dit le Sage, en Castille, dans la seconde moitié du XIIIe siècle (Harmonizing the world while creating the Law in the Alphonse the Sage’s Castile (Setenario and the proem to Siete Partidas)). Après lui, Fiodor Uspenskij, de l'Institut d'études slaves et membre du CEM, et Anna Litvina, de la faculté des lettres de l'EHESE, specialistes d'histoire et de philologie médiévale russe et scandinave, ont exposé leurs recherches dans le domaine de l'onomastique, en montrant que le choix de noms, au sein des dynasties princières, fut tout autre que fortuit, mais, au contraire, résultat de calculs, visant l'harmonie dans les domaines familiaux, mais aussi occasion de disputes, objet de discussions et des interprétations divergentes. Les parcipants ont souligné des parallèlismes entre l'Orient et l'Occident de l'Europe chrétienne, dans ces pratiques (What’s in a Name? Strategies of power, anthroponymics, and the search for dynastic harmony in Kievan and Moscovite Rus’ (10th-16th centuries)).




Alexandr Marey EHESE


Fiodor Uspenskij, Insititut d'études slaves-EHESE, Anna Litvina EHESE



Konstantin Meftahuddinov, EHESE, perplexe...


Sous la présidence d'Olga Togoeva, Galina Zelenina (Université nationale des sciences humaines) a comparé quelques textes latins, espagnols et hébreux qui concernent l'inquisition à la fin du Moyen Âge, et son rôle, "harmonisant" pour les uns, "désharmonisant" pour les autres (Spanish Inquisition as a harmonious end of “harmonious coexistence of faiths”, on Jewish sources). Pavel Uvarov, de l'Académie des sciences et professeur à l'EHESE, en poursuivant son enquête de plusieurs années sur la vie parisienne au XVIe siècle, a parlé de la recherche de l'harmonie dans l'imaginaire et dans les projets réels des parisiens, dont, entre autres, il a montré une obsession de l'eau pure.




Pavel Uvarov


Sous la présidence de Agostino Paravicini Bagliani, Danielle Jacquart (EPHE) a présenté une réflexion sur l'harmonie des parties du corps dans la pensée médicale de la fin du Moyen Âge. Dans la perspective galénique, chaque partie du corps a été façonnée par la nature de telle sorte à être parfaitement adaptée à l'activité qu'elle exerce. L'agencement des parties entre elles a été lui aussi conçu superbement pour assurer l'unité et l'harmonie du corps en son entier. Le regain d'intérêt qui a marqué la fin du Moyen Age, notamment sous l'impact de la nouvelle traduction du "De usu partium" de Galien par Niccolò da Reggio en 1317, est mis en rapport avec le discours physiognomonique, particulièrement développé depuis le XIIIe siècle, qui établit un lien entre l'harmonie du corps et les vertus de l'âme, avec entre l'une et les autres le rôle joué par la complexion ou tempérament. Mikhaïl Khorkov, historien de la philosophie médiévale à l'Université de l'amitié des peuples (Moscou), a analysé quelques textes mystiques allemands, notamment un fragment anonyme conservé dans un manuscrit de Salzburg (UB M I 476), pour montrer en quelle mesure, dans ce genre spécifique de la pensée, l'harmonie de l'intellect pouvait correspondre à une disharmonie de l'âme.





Danielle Jacquart




Mikhaïl Khorkov


La dernière séance, guidée par Mikhaïl Khorkov, a été consacrée aux deux grands auteurs du haut Moyen Âge: Boèce et Jean Scot Erigène. Valery Petroff, de l'Institut de philosophie de Moscou, a proposé une analyse détaillée des Aulae sidereae de Jean Scot, un poème qui décrit une église bâtie par Charles le Chauve à Compiègne pour rivaliser à l'inacessible Aix-la-Chapelle. Cette ekphrasis est, pour le fameux néoplatonisant irlandais, une occasion pour développer une vision du monde harmonieuse, où l'arithmologie, l'astronomie et l'eschatologie jouent leurs rôles. Cecilia Panti, historienne de la musique et de la cosmologie médiévales (Rome, Tor Vergata) a donné une lecture éclairante des passages discutés du De musica de Boèce, texte du VIe siècle, fondateur de la théorie musicale pour un millénaire. Elle s'est demandé, comment lavis armonica, cette capacité de l'homme de distinguer toute la richesse des sons, travaille au sein de la science musicale, étant donné qu'elle permet aux sons d'affectuer l'âme sans intermédiaire d'images immatérielles ou species et consent une sorte de jugement naturel immédiat grâce à la nature proportionnelle de l'âme.





Valery Petroff, pensif




Cecilia Panti, contente

Ainsi, la première journée, la plus dense, s'est terminée vers vingt heures, en climat de concorde et d'amitié...








... d'une amitié et concorde bien encadrée...



Alexandr Marey, concentré




DEUXIEME JOURNEE

LE CIEL


La deuxième journée, consacrée, informellement, au ciel a été ouverte par Charles Burnett, de l'Institut Warburg. Il a cité et commenté quelques textes médiévaux latins et arabes qui montrent le pouvoir de la musique pour harmoniser l'âme. En poursuivant, sur des textes de différentes époques, la problématique déjà touchée dans la communication de Cecilia Panti, il a terminé sa réflexion dans la Renaissance, avec Athanasius Kircher, en régalant le public avec une mélodie curative qu'il a interprétée à la flûte. Toute en restant dans la matière du son, Francesco Santi, de la SISMEL, nous a plongé dans la tradition intellectuelle et littéraire médiévale concernant le pépiement des oiseaux, ce motif d'énorme importance de ce que l'on pourrait appeler paysage sonore.

              

Charles Burnett et Francesco Santi


Sous présidence d'Alexandr Marey, Jean-Patrice Boudet, de l'université d'Orléans, nous a présenté ses dernières recherches sur la réception du De radiis attribué à l'astrologue arabe al-Kindi, connu en latin à partir, semble-t-il, de la fin du XIIe siècle. Même si le mot magie n'apparaît jamais dans ce texte, c'est à bon droit qu'au Moyen Âge il a reçu le deuxième titre Theorica artis magice: grâce à cette sorte de panacée qu'est l'harmonie universelle dominée par la causalité astrale et au caractère passe-partout des rayons, envoyés par tous les corps, célestes ou terrestres, ce traité fournit une séduisante tentative d'explication globale de l'efficacité potentielle des paroles rituelles, des figures et caractères magiques et des sacrifices d'animaux destinés implicitement aux esprits des planètes. Varvara Zharkaia, de l'EHESE, nous a ramené à l'autre "frontière" du monde chrétien, en parlant de l'harmonie universelle dans la tradition intellectuelle byzantine, des premiers hexaméra aux savants chroniqueurs du XIIe siècle. Elle a étudié les méthodes par lesquelles la pensée byzantine cherchait, pendant des siècles, à résoudre les contradictions entre le message cosmologique vétérotestamentaire et la science antique.



Jean-Patrice Boudet



Varvara Zharkaia


Danielle Jacquart a gentillement voulu orchestré la séance, où, avec Irene Caiazzo, du CNRS, nous avons présenté les réflexions sur l'harmonie universelle développées autour et, dans mon cas, dans le sillage de Chartres. Irene Caiazzo nous a parlé des oeuvres de Guillaume de Conches, de quelques commentaires peu connus sur le Timée, dont ms. Salamanque BU 2322, des gloses sur Macrobe, pour montrer des procédés, textuels et visuels, à l'aide des descriptions et des schémas, des procédés qui permettaient aux savants gravitant autour de l'école de Chartres de conceptualiser l'harmonie du cosmos. Moi-même, je me suis concentré sur deux textes-clés de la vie intellectuelle de l'Italie du Sud autour de 1230, l'inédit Liber introductorius de Michel Scot et l'encyclopédie en vers de Grégoire du Mont Sacré intitulé Peri ton antropon theopiisis. Je me suis demandé aussi sur les procédés que les deux auteurs, tous les deux clercs, utilisant les mêmes sources, mais très différents par leurs caractères, utilisent pour construire leurs visions du monde.




Irene Caiazzo, Danielle Jacquart, Oleg Voskoboynikov




Pavel Uvarov, curieux

L'innocente question d'Irina Mastyaeva, étudiante à la faculté d'histoire, sur l'existence ou la prétendue "non-existance" de l'école de Chartres, soutenue autrefois par Richard Southern, a suscité un vif intermezzo: Charles Burnett, Danielle Jacquart et Irene Caiazzo se sont prononcés pour l'existence de l'Ecole, même si les détails de l'activité de certains "maîtres chartrains" restent inconnus. L'enseignement de Bernard Silvestre, entre autre, est incertain.




Irina Mastyaeva, EHESE, et sa question innocente.


Suivirent, sous l'oeil attentif de Valery Petroff, les communications proches en problèmatique et en méthode, de Nicolas Weill-Parot, de son étudiante Maria Sorokina, les deux de l'Université Paris-Est Créteil et de Tiziana Suarez-Nani. Nicolas Weill-Parot, historien à tournure d'esprit philosophique, a parlé de la nature universelle, un concept, encore peu exploré, qui a animé les discussions de la fin du Moyen Âge et qui a aidé aux intellectuels universitaires d'envisager l'harmonie du monde. Maria Sorokina, en se basant aussi sur les textes scolastiques, dont, entre autres, les commentaires inédits des Sentences de Pierre Lombard, a développé, avec une grande capacité de synthèse basée sur la minutieuse attention au détail textuel, une vraie théorie de l'empyrée, cette dixième sphère céleste, lumineuse et immobileAu XIIe siècle le ciel des empyrées entre dans la cosmologie médiévale, en particulier, grâce à l’autorité de Pierre Lombard qui en parle dans ses Sentences. Par conséquent, les commentateurs des Sentences devaient répondre à de nombreuses questions sur le sujet : la nature de ce ciel, est-elle corporelle ? est-il mobile ? influence-t-il le monde sublunaire ? La dernière question a fait l'objet de l'exposé de Maria Sorokina.
En concluant notre journée céleste, Tiziana Suarez-Nani, historien de philosophie, de l'université de Fribourg en Suisse, a parlé des anges et des cieux en tant que figures de l'harmonie universelle. Une conclusion bien logique, je trouve. Dans la tradition philosophique européenne, la notion d’harmonie évoque immédiatement une des figures majeures de la modernité : G. W. Leibniz, qui a fait de l’« harmonie préétablie » un concept-clé de sa monadologie. Il n’en demeure pas moins que les idées d’ordre et d’harmonie, remontant à l’Antiquité classique, ont profondément marqué la culture du Moyen Âge latin. Véhiculées par des sources diverses – autant grecques (Platon, Aristote, la tradition pythagoricienne) que latines (Augustin, Boèce) –, ces notions ont imprégné la vision médiévale du cosmos et ont influencé non seulement la cosmologie, mais également l’ontologie, la métaphysique, l’éthique et l’esthétique. Cette communication a porté d’abord sur les notions d’ordre et d’harmonie dans la conception médiévale de l’ « ordo rerum », ensuite, sur la place et l’importance de la figure de l’ange (créatures spirituelles ou substances séparées) dans l’explication de la structure de l’univers et de son fonctionnement ; ceci permettra  d’illustrer la fonction de l’ange en tant que garant de l’ordre et de l’harmonie universelle. Enfin, on montrera que le motif de l’harmonie, par sa parenté avec les notions de concordance, d’accord et d’unité, est au cœur de la cosmologie médiévale.



Tiziana Suarez-Nani





Nicolas Weill-Parot




Maria Sorokina

Etant la seule russe à représenter au colloque une université française, Maria a donné, je trouve, un bon exemple à suivre aux étudiants moscovites...




Maria Ponomareva, faculté d'histoire, EHESE, 2e année, sérieuse.





Vassily Dolgopolov, Institut d'histoire universelle, Moscou, et une inconnue-à-blanches-mains, très sérieux




Cecilia Panti, Oleg Voskoboynikov, Irene Caiazzo, au travail, mais sérieux quand même


SAMEDI

LA TERRE ET LE CIEL

Le dernier jour, consacré à la fin du Moyen Âge et la Renaissance, on s'est réuni pour trois communications et une brève discussion de synthèse, sous la présidence de Charles Burnett. Mikhaïl Shumilin a proposé l'analyse des attitudes à l'harmonie métrique, en prenant comme texte de base, le dialogue Actius de Giovanni Pontano, 1495-1499. Dans sa théorie poétique, Pontano, au lieu d'appliquer des règles externes à la poésie, essaie de les en déduire. En ce faisant, il suit, comme le montre notre collègue, une tradition médiévale qui permettait aux commentateurs de créer nouvelles formules de beauté, en les tirant des textes classiques et en les développant. Ils s'en servaient de la simple formule et bene dixit quia... Si, pour un critique antique, le vers est beau, s'il suit la règle, pour Pontano, l'harmonie poétique et beaucoup plus fluctuante et dynamique, ce qui l'aide à introduire de nouvelles notions, telle que alliteratio.
Olga Togoeva, de l'Institut de l'histoire universelle, nous a fourni une analyse détaillée et passionnante d'un des textes majeurs de la démonomanie européenne, Démonomanie des sorciers de Jean Bodin (1580). Les recherches des moyens du maintien de l’harmonie dans ce monde instable était un des buts principals de l’œuvre de Jean Bodin. Il partageit l’idée de la hiérarchie des mondes, reprise à la doctrine du Pseudo-Denys l’Aéropagite. Dans ce système strict, les anges et les malins ésprits faisaient le lien qui reliait le monde terrestre à l’univers invisible. L’homme, à son tour, pouvait, avec l’ange, se tourner vers la verité pour la contempler ou, avec les démons, s’enforcer dans la mechanceté et dégénérer en devenant diabolique. La sorcellerie, que Bodin associait au crime de lèse-majesté divine et humaine (car elle tue en homme la vraie religion), était donc pour lui une des manifestations de la disharmonie, du désordre. Mon exposé portera donc sur ce problème d’harmonie/disharmonie dans l’univers de Jean Bodin, sur son concept de la sorcellerie, sur son idée de la justice criminelle exemplaire qui pourrait devenir un moyen sûr de la représsion totale des sorciers et des sorcières et du rétablissement des liens socials, c’est-à-dire de l’ordre et de l’harmonie du monde.
Enfin, Katrin Bauer, de l'université d'Erlangen-Nuremberg, a analysé le concept de l'harmonie du monde dans les Harmonices Mundi que Jean Kepler publia en 1619. On sait qu'il y formule la lois des mouvements planétaires, mais on oublie souvent que l'auteur visait surtout de passer en revue caléïdoscopique l'imaginaire harmonique de la cosmologie de son temps. Evidemment, il touche plus ou moins à tous les domaines du savoir sur le monde auquels l'harmonie est applicable. Katrin Bauer s'est demandée sur quels paramètres l'harmonie est-elle basée, comment est-elle perceptible, dans quels domaines du savoir elle peut être retrouvée et pourquoi, et quelle fut la place des Harmonices mundi dans la tradition intellectuelle de son temps.

 




Olga Togoeva




Mikhaïl Shumilin




Katrin Bauer


Puisque on s'est décidé, plus ou moins à l'unanimité, que l'harmonie est toujours une adunatio oppositorum, après la fermeture des travaux,j'ai pris le risque d'harmoniser, dans les esprits de nos invités, la Trinité d'Andreï Roublev avec les fables du grand Mikhaïl Vrubel. Apparemment, si l'on croit la dernière photo, l'expérience a donné un bon résultat.









Le colloque a été passionnant pour nous, les organisateurs et, je l'espère, pour les participants. Ceci aurait été impossible sans aide amical et rapide, des fois suprasonique, des collègues des différents services internationnaux de l'Ecole des hautes études en sciences économiques, des chauffeurs, des buffetières et bien d'autres. L'âme de cette organisation a été sans doute Maria Alexandrova, de notre Centre des études médiévales. Mais la contribution à l'atmosphère harmonique de ces journées de travail est en grande partie dûe aussi à la participation très active et émotionnelle des étudiants de la faculté d'histoire: Irina Mastyaeva, Xenia Baranova, Ilyana Kandja, Konstantin Meftahuddinov, Maria Merzlyakova, Alsu Ahmetdinova, Polina Vassilenko, Denis Golovanenko, Andreï Kravtchenko, et de mon étudiante de l'université Lomonossov Alexandra Kulpina. Je n'ai qu'à leur exprimer ma plus profonde reconnaissance.

                                                                                             Oleg Voskoboynikov

PS: Chers amis, je vous saurai très gré pour toutes formes de vos impressions sur notre colloque que l'on pourrait publier sur ce site.





PROGRAMME

Jeudi,
3 octobre

La terre

9.20–9.45. Réunion des participants.

Présidence : Pavel Uvarov

9.45–10.00.     Agostino Paravicini Bagliani (SISMEL Firenze, Université de Lausanne) – Mikhaïl Boitsov (EHESE Moscou) Mots d’introduction.

10.00–10.45.   Agostino Paravicini Bagliani (SISMEL Firenze, Université de Lausanne) Le pouvoir pontifical a-t-il besoin du concept d’harmonie ?

10.45–11.30. Mikhaïl Boytsov (EHESE Moscou) Seeking for harmony after chaos: political ceremoinies in the Golden Bull of 1356.

11.30–11.45.   Pause café

Présidence: Jean-Patrice Boudet

11.45–12.30.   Alexander Marei (EHESE Moscou) Harmonizing the world while creating the Law in the Alphonse the Sage’s Castile (Setenario and the proem to Siete Partidas).

12.30–13.15.   Fjodor Uspenskij (Institut d’études slaves, EHESE, Moscou), Anna Litvina (EHESE, Moscou) What’s in a Name? Strategies of power, anthroponymics, and the search for dynastic harmony in Kievan and Muscovite Rus’ (10th-16th centuries).

 

Présidence : Olga Togoeva

14.30–15.15.   Galina Zelenina (Université nationale des sciences humaines, Moscou) Spanish Inquisition as a harmonious end of “harmonious coexistence of faiths” (on Jewish sources).

15.15–16.00.   Pavel Uvarov (Institut d’histoire universelle, EHESE, Moscou) La musique, la justice, le science. Comment voulait-t-on assurer l’harmonie entre la vie active et la vie contemplative à Paris à l’époque d’Henri II ?

16.00–16.15. Pause café

Présidence : Agostino Paravicini Bagliani

16.15–17.00.   Danielle Jacquart (EPHE Paris) L’harmonie des parties du corps à la fin du Moyen Âge.

17.00–17.45.   Mikhail Khorkov (Université nationale de l’amitié des peuples, Moscou) Harmony of Intellect and Disharmony of Soul in German mystical texts of the Late Middle Ages.

17.45–18.00. Pause café

Présidence : Mikhaïl Khorkov

18.00–18.45.  
Valery Petroff (Institut de philosophie, Moscou) Harmonia mundi in Eriugena’s Aulae sidereae.

18.45–19.30.   Cecilia Panti (Université de Rome Tor Vergata) Boethius and vis harmonica.

 

 

Vendredi, 4 octobre

Le ciel

Présidence : Oleg Voskoboynikov

10.00–10.45.   Charles Burnett (Warburg Institute, London) Musica humana: the harmony of the body and soul in some Arabic and Latin texts.

10.45–11.30.   Francesco Santi (SISMEL, Firenze) Come, quando e perché il così detto cinguettio degli uccelli ha rappresentato l’armonia del mondo.

11.30–11.45. Pause café

Présidence : Mikhaïl Boitsov

11.45–12.30    Jean-Patrice Boudet (Université d’Orléans) L’harmonie du monde dans le De radiis attribué à al-Kindî.

12.30–13.15    Varvara Zharkaia ( EHESE, Moscou) Challenged harmony. Byzantine dispute over the form of  the universe.

 

Présidence : Danielle Jacquart

14.30–15.15    Irene Caiazzo (CNRS Paris) Cosmos harmonique au XIIe siècle.

15.15–16.00    Oleg Voskoboynikov (EHESE Moscou) Deux harmonies en comparaison : Michel Scot et Grégoire du Mont Sacré.

16.00–16.15 Pause café

Présidence : Valery Petroff

16.15–17.00    Nicolas Weill-Parot (Université Paris Est Créteil) « Nature universelle » et l’harmonie du monde, XIIIe–XVe siècles.

17.00–17.45    Maria Sorokina (Université Paris Est Créteil, Université d’État Lomonossov, Moscou) Ciel des empyrées : une fonction harmonique ? Les débats dans les commentaires des Sentences (XIIIe-XIVe siècles).

17.45–18.30    Tiziana Suarez-Nani (Université de Fribourg, Suisse) Les anges et les cieux : figures de l’harmonie universelle.

 


Samedi, 5 octobre

La terre et le ciel

Présidence : Charles Burnett

10.00–10.45    Mikhail Shumilin (Russian presidential academy of national economy and public administration, Moscow) At uidete quam concinne. Changing Attitudes to Metrical Harmony in Giovanni Pontano’s Actius.

10.45–11.30    Olga Togoeva (Institut d’histoire universelle, Moscou) Sorcellerie comme disharmonie dans l’univers de Jean Bodin.

11.30–12.15    Katrin Bauer (Université d’Erlangen-Nürnberg) Imagining the Harmony of the World in the Seventeenth Century : the Harmonices Mundi by Johannes Kepler.

12.15-13.00  Discussion et conclusion des travaux